Bagnoles de l'Orne : Patrimoine et architecture.

Le quartier Belle Epoque et l'architecture Art Déco...

Le quartier "Belle Époque" de Bagnoles de l'Orne constitue un exemple plutôt bien préservé de ce que pouvait être un lotissement résidentiel de la bourgeoisie française du début du XXe siècle. Construit entre 1886 et 1914 et situé dans la partie méridionale de la ville, il est composé de superbes villas richement ornementées.


L'ampleur du projet de Bagnoles de l'Orne fut considérable, le quartier atteignant le nombre de 53 villas en 1907. Ce succès peut être attribué en grande partie à Albert Christophle, ancien ministre des travaux publics et gouverneur du Crédit foncier, qui fut l'un des principaux initiateurs du projet.


La "Villa du Crédit foncier", un des premiers bâtiments à être construit dans le quartier, fut inaugurée en grandes pompes le 14 août 1888. Avec ses 22 chambres, sa salle de billard et bibliothèque, elle était utilisée pour la retraite et les vacances des employés du Crédit foncier de France.


Rétrospectivement, l'opulence architecturale de constructions telles que les villas "Printania" (1905), "Simone" (1903) et "Le Castel" (1900) donne une bonne idée du goût éclectique et raffiné de cette époque. Ce sont les architectes-constructeurs Léon Bénard et Alphonse Appert qui se partagent la plus grande partie du marché bagnolais de l'époque.
Il est clair que si le modèle local semble avoir été inspiré par le courant néo-régionaliste normand tel qu'on peut le trouver dans les stations du bord de mer de "la côte fleurie", il existe bien un style architectural "Bagnolais" à nul autre semblable.
En 1991, l'ensemble de ce quartier a été classé zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (Z.P.P.A.U.P.).

 

Après la brutale coupure provoquée par la Première Guerre mondiale, le développement de Bagnoles de l'Orne comme destination touristique continua. Pendant la période des "années folles", le succès de la station devint international.

À cette époque, les saisons thermales étaient rythmées par les concerts de musique classique, les courses de chevaux à l’hippodrome, les tournois de golf et les nombreuses autres activités de loisirs destinées à une clientèle sophistiquée et exigeante. La demande était telle qu'un deuxième casino fut construit !

Comme il était essentiel qu’une ville thermale soit toujours à la dernière mode, les bâtiments érigés pendant cette période furent fortement influencés par le style "Art déco", qui était très en vogue durant l’entre-deux-guerres. C'est principalement l'investissement privé qui permit la construction des édifices de ce nouveau style. Le milliardaire américain Frank Jay Gould, déjà propriétaire du Grand Hôtel, s'intéressa de prêt a l'aménagement de la station et, à l'instar d'Albert Christophle durant la Belle Époque, s'investit personnellement dans son développement.

Les exemples les plus intéressants de ce type d'architecture sont le "Casino du Lac" construit par l'architecte Auguste Bluysen et l'église Saint-Jean-Baptiste (1934-1935), qui est aujourd'hui inscrite au patrimoine français du XXe siècle. Ces deux bâtiments réussirent le pari de s'intégrer parfaitement dans la verdure du paysage environnant tout en ajoutant une touche de décoration moderne basée sur l’utilisation de formes géométriques et de tons blancs.